Imaginaire n°594
vendredi 12 janvier 2024
inspirée par
“L’histoire de France... ou presque”
de Denis
Autre temps... même mœurs.
HIER COMME AUJOURD'HUI
Grotte de La Squaw, près d’Aubenas, en Auvergne.
Le soleil se lève à l’entrée du logis de la famille Krög, le père, François Krög regarde avec grand plaisir l’astre diurne faire son levé.
C’est à cet instant, que le voisin de grotte, Franz Litse, d’un air maussade, s’approche du père Krög.
Ce dernier, sachant que son concert pour fémur et sans orchestre du soir précédent a été chahuté, il lui sourit.
— Tu as l’air bien austère... Litse.
— Oui François, et ce beau soleil n’y fera pas grand-chose. La musique moderne et ces béotiens, ça fait trop souvent plus qu’un.
— Ça tu l’as dit, les habitants de Béosse ne sont pas connus pour leur ouverture d’esprit... ils n’ont pas inventé le deux !
— Tu m’invites pour prendre un p’tit noir ?
— Je crains que Moussa soit trop occupé ce matin, mais Kaoua est inoccupé, lui.
— Le vieux Kaoua ? Il est un peu vieux le Kaoua, tu ne trouves pas ?
— Oui, mais il est fort, le Kaoua !
— Si tu le dis. À ce pas propos-là, l’élection de notre chef, c’est bien demain ?
— Toujours, mais on n’en est qu’à neuf manches, et pour l’élection, tu sais bien qu’il faut être aux dix manches !
— Moi, tu sais, ça me dit jamais rien ces histoires de manches... un truc à ce prendre une veste. Mais tu te présentes quand même ?
François sourit.
— Pour sûr. Et je compte bien arriver premier !
— Ça François... pour être le premier, faudra encore battre Marie !
— Pffff, Marie ? Elle est trop gnangnan.
— Ça c’est sûr... et puis, depuis qu’elle est avec ce con de Kinze, ça empire !
— Oh tu sais, Kinze... sans Kinze, c’est kif-kif.
— Au fait, et Dräh ? T’as des nouvelles ?
— Non, pas depuis hier soir... mais tu sais, il a des insomnies... et je crois qu’à cette heure encore, le Dräh dort !
— Ça risque d’être coton, surtout qu’il a rendez-vous ce matin.
— Ah ?
— Oui... attends que je me souvienne, un type avec un accent bizarre, un peu épais, grande barbe... mauvais caractère... un certain Huite... Henri.
— Ah oui ! Je me souviens de cette histoire, sa femme avait perdu la tête ?
— Sa deuxième femme !
— Ah ? Et maintenant ?
— Il est avec une Catherine.
— Mais elle ne l’a pas quitté ?
— Si, mais tu sais, à ce qu’on dit, Catherine part souvent.
— Bon, je vais te laisser, je dois aller voir Léonard, à son champ... au bord du champ. Tu sais comment il est depuis qu’on l’a cru mort... c’est comme une renaissance pour lui. Surtout après les noces de son beau-frère, Kana.
— Vieille histoire ! Mais c’est pas tout ça, je dois aller composer.
— Je suis sûr que pour ton prochain concert, ce seront les préludes à une œuvre immortelle.
Franz lui sourit.
— Merci. En tout cas, ce ne sera pas du vague air !