Il y a des évènements, comme ces “massacres de septembre”, qu’il est difficile d’accepter avec notre pensée moderne, avec nos valeurs acquises, justement, à la suite de moments aussi paroxysmiques.
Pour paraphraser, l’Histoire est pavée de massacres. Faut-il les excuser : non ! Faut-il les comprendre : oui !

EXTRAIT

“Frères et amis, un affreux complot tramé par la cour pour égorger tous les patriotes de l’empire français, complot dans lequel un grand nombre de membres de l’assemblée nationale sont compromis, ayant réduit, le 9 du mois dernier, la commune de Paris à la plus cruelle nécessité d’user de la puissance du peuple pour sauver la nation, elle n’a rien négligé pour bien mériter de la patrie. Après les témoignages que l’assemblée nationale venait de lui donner elle-même, eût-on pensé que dès lors de nouveaux complots se tramaient dans le silence, et qu’ils éclataient dans le moment même où l’assemblée nationale, oubliant qu’elle venait de déclarer que la commune de Paris avait sauvé la patrie, s’empressait de la destituer pour prix de son brûlant civisme ? À cette nouvelle, les clameurs publiques élevées de toutes parts ont fait sentir à l’assemblée nationale la nécessité urgente de s’unir au peuple, et de rendre à la commune, par le rapport du décret de destitution, le pouvoir dont elle l’avait investie. [...]”

ISBN 9782851221025

Imaginaire n°600
vendredi xx Mois 2024
inspirée par
“La colère de septembre”
De Jean-Paul Marat, Jean Jaurès
et Maximilien Robespierre
 
Les chansonnettes adoucissent les mœurs ?
 
LE PREMIER DE NOUS DEUX...
 
C’était en septembre 2026, Arnaud Lapointe, très remonté depuis qu’il s’était pris une amende pour défaut d’attestation de vaccination, enrageait. Il militait sur Fessebouc avec le professeur Goofy Smith Jr et le docteur Armando Stronzo, pour la médication à base de laitue et fiente de serin, il était aussi un fervent partisan de l’anarchie chrétienne capitaliste.
Ce vendredi 11 septembre, alors qu’il allait à la Mutualité de Paris, à une commémoration des “non-victimes du 11 septembre”[1], voilà que rue du Chat-qui-pêche, il se fait arrêter par le brigadier Antonin Machin.
— Pardon, monsieur... vos papiers, carte de crédit, acte de naissance, curriculum vitae, carte d’assuré social, attestation d’assurance du véhicule et de vaccination.
Arnaud s’était bien munis des papiers requis depuis le réarmement administratif décidé par Emmanuel 1er. Mais, en tant qu’opposant à toutes maladies, et par là même aux traitements de ceux-ci, il n’avait pas le sésame “vaccinatoire”.
Fort heureusement aussi, Arnaud en fervent chrétien, sachant bien qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même et connaissant l’adage qui dit “Connais ton ennemi, quitte à l’ouvrir”, s’était muni d’un couteau de chasse à l’éléphant.
— Tu me fais chier, je connais mes droits ! cria-t-il sur le pauvre fonctionnaire intérimaire.
Ce dernier était en effet au chômage depuis trop longtemps, il avait dû “Traverser la rue”, selon le slogan de France-Famille-Patrie et Travail, la nouvelle agence de l’écologie familiale nataliste et du travail mise en place, d’un commun accord avec lui-même, par le Phare du réarmement sociologique, Emmanuel “Jupiter-de-France” 1er.
Évidemment, Antonin Machin, n’ayant reçu une formation pour répondre aux insultes que sur les réseaux Fessebouc, Y, Instagras, et Whatsthefuck... est dépassé.
— Mais je ne vous permets pas, cher citoyen, de me parler ainsi, veuillez vous adresser au guichet 3 !
Arnaud, pensant que le fonctionnaire se foutait de lui, sort son couteau de chasse.
Illico, Antonin, bien qu’il n’ait reçu qu’une demie formation à Thiers sur la coutellerie, reconnaît immédiatement l’Opineux 14 modifié 92.
— Mais, mais, vous n’allez pas m’ouvrir ! Je ne suis pas qu’une tranche de fonctionnaire, cher ami.
— M’en fout !
Arnaud, excédé par la gentillesse d’Antonin, range son couteau, lui prend le menton et entonne le fameux...
— Le premier de nous deux qui rira, se verra ouvert en deux.

[1] En effet, certains, souvent les mêmes que ceux qui croient que la seconde guerre mondiale et celle de Troie n’a jamais eu lieu, que la Terre est une pyramide isocèle ou que le pape François est en fait Claude François lui-même, dissimulé... pour eux, le 11 septembre est un spin-off réalisé par Steven Spielberg.