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PAS DE DESTIN,
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SEPTIÈME PARTIE
Tall’iir
VI
- Róibhín Sands -


19 décembre 3521.
Depuis leur brouille, Selamawit et Sana ont très peu échangé. Cependant Sana s’est résolue à lancer l’Aeon Trace vers Thāl’iir, à la seule condition que le vaisseau stoppe à plus d'un million de kilomètres de la surface de la planète. Ainsi le vaisseau file à la vitesse de la lumière. Selamawit, qui n’a pas voulu être cryonisée, est en train de s’occuper un peu dans la bioferme, avec l’un des autoserv’.
Soudainement, alors qu’elle était en train de bouturer, Sana l’appelle.
— Sela, tu m’avais demandé de te prévenir dès que j’aurais enfin réussi à ajouter le vocal aux transmissions par le Pont ER... c’est fait !
Elle se fige... son cœur s’emballant d’un coup.
“Isla !” pense-t-elle immédiatement.
— J’arrive, Sana... j’arrive.
Elle tapote, comme à son habitude, le haut du cube orange qui était en train de travailler avec elle.
— Salut Tonio, je te laisse !
L’autoserv’ replie ses bras mécaniques contre ce qui seraient ses flancs et se penche sur le côté, comme s’il désapprouvait.
“Dis !
Quand reviendras-tu ?
Dis ! au moins le sais-tu ?
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère...
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus !”
Elle lui sourit.
— T’inquiète...
*
Une fois changée de vêtements, Selamawit s’installe dans le salon.
— À quelle époque veux-tu être mise en relation avec ta bien-aimée ?
— Je peux ?
Sana a un léger sourire dans la voix.
— Bien sûr, puisque je te le propose.
— À la naissance de notre fille alors, le 20 octobre 2080.
L’écran de l’holopan du salon servant de transmission visuelle commence par une image semblable à celle d’une vieille télévision ; le bocal d’antan, en noir et blanc avec des petits points, tels des flocons. Puis l’image est traversée de zébrures violentes, avant de se fixer enfin... en couleurs.
Selamawit a le cœur qui bat à tout rompre. “Son” Isla, là, en image, dans une piscine. Elle reconnaît aussi Róibhín Sands, celle qu’elle savait déjà être la garde du corps d’Isla.
Elle veut appeler... mais aucun son ne sort de sa bouche.
Péniblement... inaudiblement.
— is... isl...
Là, en face d’elle, elle voit la naissance de Liyara, leur fille, dans une piscine installée au centre d’une grande pièce vitrée face à la mer d’Irlande.
— li... liy... liya...
Les mots n’arrivent pas à sortir de sa gorge. Personne n’entend son émotion la submerger à en étouffer les lettres.
Elle voit Róibhín aider longuement le docteur pour sortir la petite fille du corps qui l’a portée et la poser enfin, après de longs efforts, sur la poitrine d’Isla. Elle voit et ressent avec elle, les mêmes pleurs de joie de sa compagne. Elle ne parle plus. Elle vit chaque milliseconde.
Puis Róibhín et le docteur qui accompagnait Isla durant sa grossesse, laissent ces deux-là se découvrir. Isla pleure, et les larmes se mêlent à l’eau tiède. Deux grands sourires accueillent Liyara.
— Isla ?
À mille quatre cent un ans plus tôt et des milliards de milliards de kilomètres... la voix de son amour qu’elle pensait endormie résonne dans cette pièce.
— Sela ?
— Oui mon amour.
— Mais... mais... pourquoi ne dors-tu pas ? Je croyais que tu étais déjà partie ?
— Je t’explique très rapidement, ma rousse. Je suis presque arrivée sur Thāl’iir. C’est grâce à Sana que je peux te parler et te voir.
— Mais... mais... comment ?
— Tu te souviens du Pont Einstein-Rosen ?
— Oui... tu veux dire que... ?
— Eh oui ! Mais je vais pas t’embêter avec tous ces trucs. Toi ? Comment vas-tu ?
Un sourire béat, d’une naïveté douce, Isla écoute ces paroles comme Moïse...
— Tu as entendu, Isla ?
Selamawit se tourne vers l’unité centrale de Sana.
— Tu es sûre que ça fonctionne parfaitement ?
— Oui Sela... mais Isla est tellement émue.
Des larmes coulent sur leurs joues à elles deux.
— Oui, je t’ai entendue, ma chérie. Je vais bien, et si tu peux me voir... voici notre fille, elle est belle, hein ?
Elle prend la nouvelle-née et la soulève à bout de bras, la montrant sans savoir où vraiment la diriger.
Elle rit de joie.
— Oui ma rousse... et crois-moi, tu seras fière d’elle !
— Ne m’en dis pas plus...
— Oui... je connais, le paradoxe du grand-père. Je veux juste te contempler, mon adorable rousse.
— C’est dommage que je ne puisse te...
L’image se brouille et disparaît d’un coup.
— Sana ! C’est toi ?

(la fin de ce roman... partie 7 épisode 7, mardi 16 septembre 2025)